Philippe Erlanger était un grand diplomate, historien et critique d’art. En 1938, face à la main-mise et aux dérives politiques sur le palmarès de la Mostra de Venise, il ambitionne de créer un festival du film en France, à la fois libre de toute pression et ouvert à tous les pays. Dès 1939, il convainc Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale, et Albert Sarraut, ministre de l’Intérieur, de cette opportunité et légitimité française. Si Biarritz est d’abord envisagée, Cannes remporte la mise car c’est la ville ‘’la plus propice pour une pareille rencontre’’, selon ses propres mots. Une première édition doit avoir lieu en 1939 mais elle est vite interrompue par le déclenchement de la guerre. Il faut finalement attendre 1946, dans une France exsangue, pour que le Festival International du Film se concrétise. Créateur et figure emblématique de ce qui est aujourd’hui le plus grand événement culturel au monde, c’est tout naturellement que nous lui rendons un hommage pérenne et dénommons, en présence de la ministre de la Culture, Rachida Dati, une salle de projection et de conférence du Palais des Festivals et des Congrès de Cannes à son nom.
Philippe Erlanger, père fondateur du Festival de Cannes
Né le 11 juillet 1903 à Paris et décédé le 23 novembre 1987 à Cannes (84 ans), Philippe Erlanger était un diplomate, historien, écrivain, biographe, critique d’art et journaliste.
En 1938, alors directeur de l’Association française d’action artistique, chargé auprès du gouvernement des échanges artistiques internationaux, il se rend à la Mostra de Venise, ouverte au cinéma depuis 1932, en tant que membre du jury.
Dans le contexte de l’Italie fasciste, le palmarès choque profondément les démocraties : le Grand Prix est attribué ex-æquo à un film supervisé par le fils de Mussolini, et au film allemand de Leni Riefenstahl, Les Dieux du Stade. Ce dernier, en plus de faire l’apologie du fascisme, est un documentaire. Il aurait donc dû, à ce titre, être exclu de la sélection. Dans le train qui le ramène en France, Philippe Erlanger, encore sous le choc des événements, pense déjà à organiser une manifestation en remplacement de la Mostra pour donner au monde un festival libre, sans pression ni contrainte.
Dès son retour, il contacte les autorités et ne tarde pas à leur présenter son projet.
Avec l’approbation de Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale, et d’Albert Sarraut, ministre de l’Intérieur, le projet d’un festival concurrent dans le sud de la France fait rapidement son chemin.
Cannes est ainsi choisie au printemps 1939, mais le temps manque pour réunir les fonds, sélectionner les films, et organiser les festivités. La déclaration de guerre achève d’enterrer cette première édition.
Si la véritable première édition du Festival de Cannes a lieu en 1946, l’idée est donc née bien plus tôt dans la tête de Philippe Erlanger. Il a ensuite été le premier délégué du Festival jusqu’en 1951 et membre du jury en 1953 et 1954.
Par cette dénomination, David Lisnard, maire de Cannes, souhaite ainsi rendre un hommage pérenne à l’engagement de ce passionné qui a milité pour l’organisation du Festival à Cannes qu’il voulait comme un «événement cinématographique où l’art ne doit pas être influencé par les manoeuvres politiques ».
Une salle spacieuse et polyvalente au Palais des Festivals et des Congrès de Cannes
Situé au quatrième étage du Palais des Festivals et des Congrès, l’auditorium K, désormais auditorium « Philippe Erlanger », est un espace de 107 m². Il comprend une scène de 28,50 m² et dispose de 147 places assises. Les fauteuils sont équipés de tablettes. La salle est équipé d’un écran XXL (6 m x 4,50 m) et accueille des présentations, des séminaires ou encore des projections.